En proclamant l’indépendance de l’État d’Israël le 14 mai 1948, jour de la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion, alors président du Conseil national juif, provoque ce que les Palestiniens appellent la "Nakba", la catastrophe.
Car désormais plus rien ne sera comme avant. Présents sur ces terres depuis l’antiquité, les Palestiniens deviennent des réfugiés. Ils sont 750 000 à prendre le chemin de l’exil dans les camps de réfugiés du Liban, de Syrie, d’Égypte et de Jordanie.
D’autres vont devenir des exilés dans ce qui était leur propre pays, fuyant les villes de Haïfa, d’Acre, de Jaffa, quittant leurs villages dont certains vont être rayés de la carte et leurs maisons, gardant précieusement leurs clefs dans l’espoir d’un retour futur, pour se réfugier ailleurs, à quelques kilomètres seulement.
Comme si Israël était devenu une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Dans les camps, les jeunes s’organisent peu à peu, animés par un désir de revanche, de "reconquête". La naissance de l’Organisation de Libération de la Palestine et de ses fedayins avec à leur tête Abu Amar, celui que le monde entier connaîtra sous le nom de Yasser Arafat, va réveiller le nationalisme palestinien, renforcer le sentiment identitaire et d’appartenance à une nation.
Le traumatisme provoqué par la "Nakba" devenait une force. Et c’est la guerre de 1967, la Guerre des Six Jours, qui va fournir aux Palestiniens une occasion inespérée de faire renaître de ses cendres ce nationalisme en redonnant une prééminence à leur cause et en l’internationalisant, comme le précise l’historienne Jihane Sfeir : “Avec la guerre des Six Jours, les Arabes vont comprendre qu'ils ne pourront pas libérer la Palestine. Et après 67, Yasser Arafat va arriver avec le Fatah et va inverser la problématique en disant 'ce n'est pas l'Union des États arabes qui va libérer la Palestine, en revanche si vous nous donnez de l'argent et des moyens de nous entraîner, nous, les Palestiniens, nous libérerons la Palestine et nous unirons tous les Arabes'."
En prônant la lutte armée et le terrorisme, Arafat met la Palestine sur la carte du monde. Des actions terroristes que commente la diplomate, Leila Shahid : "Cette violence tout azimut qui était bien évidemment barbare, comme toutes violences faites contre des civils, avaient pour but d'attirer l'attention, de remettre la Palestine sur la carte du monde. Le jour où Arafat a été reconnu comme représentant des Palestiniens à l'ONU en 74, il a renoncé à la lutte armée et interdit toute opération terroriste."
Et c’est sous l’égide de la communauté internationale que les négociations de paix vont s’entamer entre Israéliens et Palestiniens. Un long processus qui va se solder par la signature des accords d’Oslo en 1993. Un véritable piège pour les Palestiniens. Aucun de ces accords ne sera respecté. Pour Leila Shahid : “Oslo s'est cassé la gueule. Pas parce que c'était un mauvais accord, mais parce qu'il n'a jamais vraiment été mis en œuvre. Il a été mis en œuvre jusqu'à l'assassinat de Rabin, ils l'ont d’ailleurs assassiné pour ne pas continuer son application."
En 2004, la figure tutélaire incontestée des Palestiniens, Yasser Arafat, meurt. Depuis, personne ne l’a remplacé, comme si les Palestiniens étaient depuis orphelins.
Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Somany Na
Avec
Jihane Sfeir, historienne
Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne en France de 1994 à novembre 2005, ambassadrice de la Palestine auprès de l'Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg de 2005 à 2015
Alain Gresh, journaliste, spécialiste de la Palestine
Adnan Husseini, membre de l’exécutif de l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, en charge des affaires de Jérusalem
Tania Tamari Nasir, chanteuse
Majdi Malki, professeur de sociologie à l’université de Bir Zeit et chercheur à l’Institut des études palestiniennes à Ramallah
Dominique Vidal, Journaliste et essayiste
Elias Sanbar, historien, poète et essayiste palestinien
Nazmir Jurbe, historien à l’université de Bir Zeit, spécialiste en archéologie
Fareh Abo Medem, ancien ministre de la Justice de Yasser Arafat
Maral Quttieneh, notre fixeuse en Cisjordanie
Hanin Batlawi, journaliste à Ayam Qattam à Ramallah
Fareh Abo Medem, ancien ministre de la Justice de Yasser Arafat
L'Institut du monde arabe est partenaire de LSD dans le cadre de son évènement " Ce que la Palestine apporte au monde ", jusqu'en novembre 2023.