Édito de Charles Pépin
"Je voudrais vous raconter l’histoire de la vérité ou plutôt, l’histoire d’un homme. C’est un savant qui recherche la vérité, ou en tout cas qui cherche à savoir de quoi le réel est fait. On l’imagine en blouse blanche dans son laboratoire mais le plus souvent, il est en chemise, pas nécessairement blanche, à son bureau, en caleçon même parfois, à faire des équations. Chacune de ses hypothèses est une question posée au monde, sur les feuilles amassées devant lui s’accumulent des paquets d’équation qui bien souvent ne donneront rien, parfois permettront de formuler une hypothèse nouvelle. Après, il faudra vérifier. (...)"
Pour parler de science et d’émerveillement, et de ce que la science peut nous dire du réel, Christophe Galfard, docteur en physique théorique, conférencier et écrivain, auteur notamment du best-seller L’Univers à portée de main vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde, est l'invité de "Sous le soleil de Platon", dans la caverne de France Inter.
De quel réel la science nous parle-t-elle ?
Il est question dans cet épisode de trou noir, du cosmos, de l'infiniment grand, de l'infiniment petit, de la matière noire...
Qui est Christophe Galfard ?
Étudiant très doué en mathématiques, si doué que, comme Charles Pépin l'explique, on lui a recommandé d'aller voir le grand Stephen Hawking, qui l'a alors pris comme étudiant à Cambridge, puis il est devenu son collaborateur.
Comment est-il passé de la recherche dure, à la vulgarisation pour le grand public, avec des conférences, des spectacles, des livres ? Cette envie lui est venue en partie de sa fréquentation de Stephen Hawking. Il explique : "Stephen Hawking, pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un des scientifiques les plus connus, en tout cas dans le monde anglo-saxon du XXᵉ siècle. Il a révolutionné notre vision sur les trous noirs et a écrit un livre qui a été un best-seller absolu à plus de 20 millions d'exemplaires vendus, qui s'appelle Une brève histoire du temps et donc, en gros, qui a ouvert une brèche, ou plutôt un pont, qui a construit un pont entre la physique théorique, ces chercheurs qui étaient censés être dans leur tour d'ivoire quelque part et le grand public."
Il l'a aidé à écrire des conférences pour le grand public et ça l'a passionné.
Le très grand et le très petit
Il y a au départ deux théories, deux domaines de recherche, comme l'explique Christophe Galfard : "On a deux grandes théories, deux grands principes, un qui s'applique à tout ce qui est gravité, très grand, plutôt les questions sur le cosmos en entier et autre chose sur ce qui est plus petit, ce qui est à l'intérieur de nous, la matière, la lumière, etc. et qu'on appelle la physique quantique. Ces deux théories-là sont complètement séparées. Il y a le petit et il y a le grand, c'est très bien, elles marchent super bien. On n'a jamais eu de théories qui marchaient aussi bien que ces deux-là pour découvrir des choses qu'on ne connaissait pas. Ces théories-là nous permettent de voir dans l'inconnu et d'aller vérifier ensuite qu'effectivement cette vision fonctionne."
Dans son livre L'univers à portée de main, il parle d'une possible unité. Il y a des endroits dans l'espace, où ces deux théories sont réunies :
"Les trous noirs où vous avez quelque chose de très gros, comme une étoile gigantesque qui s'est contractée et qui est devenue minuscule. Et le Big Bang, l'origine de notre univers ou toute notre réalité était dans un endroit tout petit."
Mais qu'est-ce qu'un trou noir ? "c'est l'inverse du vide. On a dans notre univers des endroits où il n'y a pas beaucoup d'énergie. Les trous noirs sont des endroits où il y a beaucoup trop d'énergie qui est concentrée dans un endroit minuscule. Et on sait par exemple que des trous noirs peuvent naître lorsque des étoiles gigantesques explosent et contractent leur cœur au moment de l'explosion. Bam, le cœur est contracté et au bout d'un moment, il y a tellement d'énergie, tellement de gravitation que la surface même du cœur s'effondre sur elle-même. C'est comme si vous marchiez sur terre et que le sol s'échappait sous vos pieds pour tomber. Tomber, tomber à l'infini, quasiment."
La voie lactée : une poussière
Il utilise dans son livre L'univers à portée de main une image pour que l'on puisse se représenter les échelles de grandeur :
"lorsqu'on regarde le ciel la nuit, on voit qu'il y a des étoiles partout. Et puis une petite bande blanche qu'on appelle la Voie lactée. Il se trouve que la Voie lactée, c'est le nom de notre galaxie. C'est pas juste le nom de cette bande blanche, il se trouve que toutes les étoiles qu'on voit la nuit dans le ciel appartiennent à la Voie lactée. Alors, pour se donner une idée de ce à quoi ressemble cette Voie lactée, dans le livre, je prends l'exemple de 300 cartons d'un mètre cube en gros, d'un mètre sur un mètre, remplis de sable fin. Et vous étalez ces grains de sable sur la place de la Concorde, en spirale autour de l'obélisque. Et ça, ça nous donne notre galaxie à nous. La Voie lactée et le Soleil, ce n'est qu'un de ces grains de sable. À l'intérieur de cette construction et des galaxies comme ça, on en connaît au moins 1 000 milliards."
L'entretien est à écouter dans son intégralité...
Quelques livres de Christophe Galfard
