Syracuse

Un goût pour la psychologie, une agrégation en philosophie (“car c’était la plus difficile”), suivie d’une thèse avec Raymond Aaron à l’École normale supérieure de Saint-Cloud, étudiant la naissance de la science sociale comme discipline universitaire. Car c’est la sociologie qui attirera irrémédiablement Daniel Defert, moins “abstraite”.

Dans le même temps, le provincial fait ses premiers pas dans la capitale, et s’immerge doucement dans le monde de la nuit parisienne dès ses premiers oraux pour l’École normale. Comme au “Fiacre”, une boite gay dans laquelle un camarade l’emmène. Coïncidence, “le premier jour où je suis arrivé dans ce bar il y avait sur le pas de la porte deux messieurs qui connaissait bien mon camarade, se souvient Daniel Defert. L’un était Roland Barthes, l’autre Jean-Paul Aron.”

De l'Algérie au GIP

Vie parisienne, mais aussi vie militante. Arrivé dans la capitale, l’étudiant/professeur de l’ENS se voit absorbé doucement mais sûrement par la sphère politique. “Un peu par hasard, rit-il. Un de mes bons camarades de khâgne me propose de faire de la politique, pour que je ne sois pas englué, absorbé, ou détruit par cette vilaine pratique que j’avais l’air d’afficher un peu, qui était ma sexualité. Dans les familles, on propose de faire du football, lui m’a proposé de faire de la politique.”

UNEF, guerre d’Algérie, gauche prolétarienne, puis fondation du Groupe d’information sur les prisons (GIP), l’engagement colle à la peau de Daniel Defert. Jusqu’à arriver, et légèrement survoler Mai 68. “Je n’ai jamais pensé que Mai 68 était une révolution ratée, mais un soulèvement profondément de masse, où les gens ont mis des tas d’aspirations, de mobilisation de souvenirs de toute l’histoire de la gauche (Front populaire, révolution espagnole, résistant, soutien au FLN…) [...] Sans parti dominant, mais avec une somme dominante d’aspirations.” Une conséquence selon lui : des changements profonds dans les rapports d’autorité au cœur de la société.

Générique

Par Virginie Bloch-Lainé. Réalisation : Laetitia Coia. Prise de son : Yves le Hors.