En mai 1959, quelques semaines avant cette émission, Georges Charensol avait vivement critiqué le film, bien qu'il n'en ait vu qu'une bande-annonce. Absent lors de l'enregistrement de cette émission, c'est à ses comparses Claude Mauriac, Jacques Doniol-Valcroze et Pierre Marcabru, de donner leur avis.
Pour lancer le débat (ou mettre de l'huile sur le feu ?), Michel Polac cite la critique de Jean Fayard, qui étrille le film dans La Revue de Paris en l'estimant "plein de fausses philosophies et de fausses poésies". Il glisse aussi qu'un membre du jury de Cannes lui aurait confié que le prix de la mise en scène aurait été attribué à Truffaut, malgré un film jugé sans originalité, pour ne pas avoir l'air de parti-pris envers un cinéaste qui les avait attaqués l'année précédente.
Séparer l'œuvre du critique
C'est d'abord à la salle que Bastide donne la parole : une jeune femme répond détester Truffaut comme critique, mais avoir beaucoup aimé son film. Claude Mauriac, qui lui aussi a beaucoup Les 400 coups, pense que "le critique Truffaut aurait détesté le film du réalisateur Truffaut". Il trouve la narration formidable, et certaines scènes éblouissantes, en revanche, il est moins emballé par ce que Truffaut lui-même critiquait - par pudeur - chez les autres, à savoir l'aspect sentimental. Jean Doniol partage aussi cet avis, à savoir Truffaut critique n'aurait pas été emballé par son film.
Qu'en aurait dit Truffaut ? C'est dans "Le Masque et la Plume" de la semaine suivant que Truffaut, invité des critiques, répondra lui-même.
