Dans ce troisième épisode de la série "Écologie : des voix internationales pour la planète", Aurélie Luneau reçoit Dennis Meadows, scientifique et lanceur d'alerte depuis la parution en 1972 du rapport Meadows.
Il y a 50 ans, déjà, le 2 mars 1972, le rapport dit Meadows faisait, lui aussi, l’effet d’une bombe et suscitait des réactions médiatiques et politiques multiples à travers le monde. Commandé par le Club de Rome à des scientifiques du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), aux États-Unis, il s’appuyait sur des modélisations informatiques inédites et parvenait à des scénarios, reconnus 50 ans plus tard.
Leur conclusion : la planète ne peut répondre aux besoins exponentiels des humains, et si la croissance économique et la croissance démographique se poursuivent, nous devrons faire face à des conséquences écologiques dramatiques. Depuis, le rapport Meadows est devenu un best-seller international qui questionne les impacts destructeurs des activités humaines sur l’environnement ainsi que sur les limites de la croissance. Il interroge plus globalement notre façon d’habiter la terre.
"Je pensais que si je publiais les résultats de mes recherches, les gens changeraient."
Dennis Meadows nous explique les grands défis du 21ᵉ siècle. Aujourd’hui, le scientifique estime que l'un de ces défis réside dans un dialogue entre la science et le politique : "Le problème du scientifique est qu'il ne peut jamais être sûr à 100%. En science, rien ne peut être toujours vrai ou toujours faux. C'est un concept qu'un autre scientifique va parfaitement comprendre, mais qui va être plus compliqué à intégrer pour un politicien, et là est le plus grand défi : relier la science à la politique."
En évoquant les travaux du GIEC, Dennis Meadows explique : "Les membres du GIEC sont d'excellents scientifiques qui font évidemment attention à la science, mais ils sont obligés de se restreindre, ils doivent choisir soigneusement leurs conclusions, être politiquement acceptables pour en tirer les conséquences politiques, alors que ce que nous avions fait à l'époque avec le rapport, c'était à l'opposé. On a commencé par la science et on en a tiré des conséquences politiques."
Que la science soit politique !
Par ailleurs, Dennis Meadows s'exprime sur la possibilité de voir plus de scientifiques s'engager en politique : "Moi, je suis en faveur d'avoir des scientifiques plus actifs dans le processus politique."
En écho à l'actualité, il fait part de son inquiétude : "Je crains qu'il y ait plus de dirigeants populistes, et ça m'inquiète parce qu'eux vont résoudre les désaccords par la violence plutôt que par des discussions rationnelles. Ce sera un problème très grave pour nous qui devrons faire face aux problèmes globaux mondiaux". D'autre part, en parlant des climatosceptiques, il explique : "Le problème, ce n'est pas qu'ils ne croient pas au changement climatique, le problème, c'est qu'ils s'en fichent. Ils s'en fichent parce que le système actuel leur donne du pouvoir politique ou économique et ils ne veulent pas que ça change, ils se disent que le comportement actuel les rend riches et puissants donc pourquoi croire au changement climatique."
Pour Dennis Meadows, l'état des choses doit absolument évoluer : "Il est clair que les choses doivent changer, la situation actuelle nous mène vers une catastrophe totale" et cette évolution doit passer entre autre par la pédagogie et l'apprentissage : "Il faut faire des changements culturels et ça signifie l'éducation."
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