Malcom X, Martin Luther King sont enterrés. Le Black Panther Party est éclaté. Les voix des leaders noirs se sont tues et Mohamed Ali n'a plus le droit de boxer, par prescription religieuse. Avec Nation of Islam, le grand amour se termine quand Mohamed Ali confesse à la presse son désir de revenir sur les rings, malgré l'interdiction du grand leader Elijah Muhammad. Mohamed Ali n'est toujours pas aimé des Américains, mais maintenant, ils ne doutent plus de son honnêteté : il a tout risqué, tout perdu.
Il doit faire son grand retour sur le ring, malgré la sentence de cinq ans de prison qu'il combat toujours. Et c'est à Atlanta qu'il réussit. Pour l’occasion, tout ce que l’Amérique compte de militants, gangsters, musiciens et politiques Noirs est présent.
"Il voyait sa vie comme un spectacle, comme l'histoire en marche. C'était incroyable parce qu'il passait son temps à dire 'on en parlera dans les livres d'histoire'." Salim Muwakkil
Quand il a gagné, tout le monde s'est dit "le roi est de retour" — Salim Muwakkil
Mais Ali est prêt à glisser dans la décennie suivante, il a le sens de son épopée : revenir sur le ring en héros quand tant de figures de la lutte noire sont tombées sous les balles, combattre Frazier sous les regards du monde entier. Mais, finalement, "Clay ne sera pas champion du monde", comme le résume un journaliste français le lendemain du match.
Gagner, c'était comme toute l'Afrique gagnait avec lui contre le monde entier
Puis aller vers l’Afrique, vers des fractures plus larges que les plaies américaines, être l’Afrique puisqu’elle le lui demanda, embraser Kinshasa, encaisser les coups de Georges Foreman et gagner, comme si c’était toute l'Afrique qui gagnait avec lui contre le monde entier. Ali l’a fait. Ceux qui y étaient ne s’en sont jamais remis.
"Ali doit gagner, il doit gagner pour montrer qu'on lui avait injustement enlevé son titre, qu'on l'avait injustement condamné..." Victor Yoka, père de Tony Yoka, médaille d’or française de boxe
Production : Judith Perrignon
Réalisation : Gaël Gillon
Prise de son et mixage : Benjamin Thuau