Syracuse

Ne devenir qu'ego

Dans le rap, l'authenticité est essentielle pour affirmer son identité. Vebz explique que pour se percevoir comme le meilleur, il faut d'abord être fidèle à soi-même : "Si l'album me plaît, c'est parce que je retrouve un bout de moi dedans." Pour Grems, le rap est une question de dignité et de sincérité : "Définir son style, c'est être honnête avec soi-même." Les rappeuses Vicky R et Liza Monet naviguent entre leur persona publique et leur identité privée, trouvant de l'assurance dans cette dualité et un ancrage dans le réel grâce à leur entourage. Vîrus, quant à lui, insiste sur l'importance de se détacher des projections extérieures du public. Enfin, pour Vebz, "ne devenir qu’ego", embrasser cette attitude tout en restant honnête vis-à-vis de soi-même, c’est en réalité une manière de le dépasser.

La dimension performative de l'egotrip

Le rap est bien plus qu'une affirmation de soi ; c'est un jeu, un spectacle. Dany Dan souligne que l'ego dans le rap n'est qu'une illusion, que celui "qui croit en son egotrip se trompe". Cette croyance est vaine : "Tous les jours, naît quelqu'un qui est le meilleur ou qui sera le meilleur, ou qui est en train d'écrire quelque chose qui sera meilleur." L'egotrip constitue surtout un moyen de divertir, de se distinguer par des performances toujours plus spectaculaires, de devenir "le plus fou dans sa manière de faire". Les rappeurs endossent plusieurs rôles : ils sont à la fois acteurs, chanteurs et animateurs, et cette dimension performative les pousse à créer une identité scénique unique. "On peut comparer ça à un habit que tu mets. Tu mets des grosses chaînes en or, t'es tout brillant, [mais] le soir, tu les enlèves et tu vas dormir."