Dans ce dernier épisode, Yolande Moreau évoque ce que son parcours lui a finalement permis de faire et de devenir. Elle qui ne s’est jamais sentie pleinement à sa place dans ce monde du cinéma, au milieu d’une troupe, elle se souvient émue que petite, elle passait son temps à rêver et à demeurer spectatrice.
"Je me souviens en primaire, j'étais un peu à côté de la plaque. Je rêvais beaucoup. J'étais toujours en retard... J'avais l'impression de toujours regarder les autres. L'impression de vouloir jouer avec les autres, mais d'être toujours en train de regarder. Finalement, jouer au théâtre m'a permis de trouver ma place socialement."
Aujourd’hui, à 60 ans passés, le constat est là : elle n’est plus spectatrice. Lui proposer un rôle, c'est aussi prendre le risque (tout relatif) qu’elle le reprenne comme on refaçonne un vêtement trop étriqué. Qu’elle en fasse tout autre chose que ce que l’on avait prévu pour elle, Gilles Porte en avait fait l’expérience pour Quand la mer monte. Gustave Kervern et Benoît Delépine aussi, pour Mammuth en 2010.
"Au départ, je ne voulais pas faire le film, car en lisant le scénario de ces deux doux rêveurs, j'ai eu un coup de sang féministe, l'image de la femme, c'est celle qui râle pour l'argent, pour les papiers ou parce qu'ils pissent sur la lunette !"
Sauf que Gustave Kervern et Benoît Delépine avaient un allié de choix pour convaincre Yolande Moreau de les rejoindre sans moufter : Gérard Depardieu…
Une série d'entretiens proposée par Émilie Chaudet, réalisée par Guillaume Baldy. Prise de son : François Rivalan. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Pour aller plus loin
- Nulle part, en France, documentaire de Yolande Moreau. Arte-reportage.
- La bande-annonce de Mammuth
- Yolande Moreau : « J’essaie toujours de rejoindre mes rêves d’adolescente » Par Sandrine Blanchard, Le Monde du 20 janvier 2019.
- Yolande Moreau, bonne à tout faire. Par Anne Diatkine, Le Monde du 30 janvier 2019.
- Yolande Moreau : «Il faut ruser en finesse». Par Cécile Lecoultre, 24heures, le11 mars 2020.
- Yolande Moreau, épatante princesse de la rue. Par Mathilde Blottière, Télérama, le 16 janvier 2009.
Filmographie sélective
- 1985 : Sans toit ni loi d'Agnès Varda : Yolande
- 1993 : Germinal de Claude Berri : La Levaque
- 1995 : Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau : Mme Rigoard
- 1995 : Le bonheur est dans le pré d'Étienne Chatiliez : Lucette
- 1995 : Les Trois Frères de Didier Bourdon et Bernard Campan : La patronne du PMU
- 1996 : La Belle Verte de Coline Serreau : la boulangère
- 2001 : Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet : Madeleine Wallace
- 2001 : Le Lait de la tendresse humaine de Dominique Cabrera : Babette
- 2004 : Folle embellie de Dominique Cabrera : Hélène
- 2004 : Quand la mer monte... de Yolande Moreau et Gilles Porte : Irène
- 2005 : Le Couperet de Costa-Gavras : la préposée de la poste
- 2006 : Enfermés dehors d'Albert Dupontel : Gina
- 2006 : Paris, je t'aime - 7e arrondissement (Tour Eiffel) de Sylvain Chomet : La mime
- 2008 : Louise-Michel de Benoît Delépine and Gustave Kervern : Louise
- 2008 : Séraphine de Martin Provost : Séraphine de Senlis
- 2010 : Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar : Fréhel
- 2010 : Mammuth de Benoît Delépine et Gustave de Kervern : Catherine Pilardosse
- 2011 : Où va la nuit de Martin Provost : Rose
- 2012 : Le Grand Soir de Benoît Delépine et Gustave de Kervern : la mère de la punkette
- 2012 : Camille redouble de Noémie Lvovsky : la mère de Camille
- 2013 : Henri de Yolande Moreau : Tante Michelle
- 2015 : Voyage en Chine de Zoltan Mayer : Liliane
- 2016 : Une vie de Stéphane Brizé : la baronne Adélaïde Le Perthuis des Vauds
- 2017 : Crash Test Aglaé d'Éric Gravel : Marcelle
- 2018 : I Feel Good de Benoît Delépine et Gustave Kervern : Monique Pora
- 2018 : Les Estivants de Valeria Bruni Tedeschi : Jacqueline
- 2020 : La Bonne épouse de Martin Provost : Gilberte Van der Beck