Bienvenue au centre d’études et de sauvegarde des tortues marines de Méditerranée, qui est le seul du littoral, basé à la Grande Motte. Des tortues de Méditerranée, parce que oui il y en a, même si les gens ne le savent pas toujours. « Alors on a la tortue luth qui peut faire 2 mètres, 900 kilos, mais en moyenne on est sur du 400 kilos et 1m70. On a la tortue verte qui peut faire maximum 1m50, et 200 kilos à peu près et on a la tortue Caouanne qui peut faire 1 mètre et 100 kilos. »
Cindy Capdet, la responsable pédagogique, pose les bases, mais le tableau ne serait pas complet sans les dangers qu’affrontent ces tortues : les collisions avec les bateaux et surtout les prises dans les filets de pêche. « On a environ 40 000 tortues qui meurent par an en Méditerranée à cause des filets de pêche. »
Et justement, Anthony, un pêcheur, a contacté le centre de soin car il en a pris une. Le directeur du centre, Jean-Baptiste Senegas le retrouve pour la récupérer. Le pêcheur explique : « On attrape de plus en plus de tortues même si nous on a des bateaux de terre, pas de grands chalutiers. Comme on pêche en bordure de côte, vu qu’elles longent la côte, c'est là qu'on les prend. Ça m'embête un peu d’attraper une tortue, mais bon, je sais que si je la relâche, elle a 90% de risques de mourir. Donc autant que je la fasse passer au centre de la tortue, qu’ils en prennent soin et après les relâchent. »
Jean-Baptiste Senegas est content que les pêcheurs appellent les centres de soins. « C'est génial, c'est ce qui permet de donner beaucoup plus de chance à la tortue. C'est le bon réflexe. C'est assez nouveau aussi les pêcheurs qui prennent vraiment soin ou le temps de nous appeler alors que ce n'était pas du tout sur son trajet, ils prennent le temps. Franchement nous on est ravis ! »
Ensuite, direction le centre de soins pour placer la tortue dans l’un des 17 petits bassins. « On va la mettre dans l'eau. Tout va bien. Des fois, on a des individus qui ne bougent plus. Alors que là elle, elle a déjà de la nage. » Bien plus en forme que la petite Cabécou (oui ils donnent en ce moment des noms de fromage) juste à côté. « C'est une tortue qui était très fatiguée, qui a passé du temps à se débattre dans un filet. » Mais qui est déjà en train de reprendre des forces comme les autres pensionnaires. « Ça c'est Timéo, c'est une petite tortue Caouanne. Elle était vraiment assez faible. En face, on a Paulette. Paulette, elle n’est pas issue de captures accidentelles. Elle a été retrouvée échouée sur une plage en Corse. C'est une collision, certainement avec un bateau qui a provoqué une grosse fracture au niveau de sa carapace. La blessure est quand même assez profonde, le trou dans sa carapace fait plus de 20 cm de profondeur. Donc au début on voyait bien tout l'intérieur, tous les organes et là tout s’est refermé, tout s'est cicatrisé. »
Mais il faut encore attendre un peu pour le retour à la mer, vérifier notamment le transit, car ces tortues avalent plein de plastique, Cindy Capdet le rappelle : « L'année dernière, on a quasiment eu 100% des tortues marines qui ont eu des déchets en elles. On a retrouvé des papiers de gâteaux, des étiquettes de bouteilles en plastique entières, des bâtons de sucette, des mégots de cigarettes, des morceaux de tongs, plein de choses comme ça quoi. » Ce qui en fait des indicatrices de la pollution en mer. Mais le but est bien d’y retourner, et juste avant le grand plouf, il reste une étape : retrouver son autonomie en milieu naturel, un canal de 200 m de long aux portes des profondeurs, le centre de réhabilitation
« C'est aussi une étape importante, la réhabilitation, parce qu'une tortue qui passe du temps dans une cuve de 2 mètres par 2, on ne peut pas lui demander de faire du jour au lendemain 30 km, ce qu'elle fait d'habitude. Elle a besoin de se remuscler puis de se déshabituer de l'homme aussi. Une fois qu'on la met là, on ne s'en occupe plus, on l'observe juste et elle va manger les coquillages, les crabes. Elle va se réhabituer un peu, retrouver son instinct. Pour l’instant, il y a une seule tortue dans cette zone. Il va se passer au moins 2 semaines entre là et le moment où elle va pouvoir être relâchée. Et une fois relâchée, elle part direct, c’est rapide. »
Et celle-ci précisément nage désormais dans le bleu de la mer, mais trois autres sont arrivées depuis lundi. Un cycle sans fin, malheureusement, les tortues marines sont menacées d’extinction, d’où l’importance, à travers ce centre, de mieux les connaître, pour mieux les protéger.