Syracuse

Un climat de violence s’installe, ou en tout cas, un sentiment de danger imminent, la peur d’une crise économique, d’un effondrement des valeurs.

Ainsi, Costa-Gravas raconte le climat pesant qui existait en Grèce avant le coup d'État du 21 avril 1967 : “Il y avait une certaine liberté formelle, mais sur le fond, si on avait des idées un peu de gauche, si on travaillait pour l’Etat et que l’on faisait des histoires, on perdait sa place. Mais il y avait d'autres moyens de pression, par exemple, si on avait une voiture, on se retrouvait toujours avec des PV sans raison. C’était des espèces de petites répressions quotidiennes. Comme, les gens qui achetaient le journal de gauche, dans les kiosques, le vendeur le pliait pour ne pas voir que vous lisiez ce journal-là. La police aussi était très violente. Mais en apparence, c'était la liberté.”

L’historien Yves Leonard, explique quant à lui, comment la violence politique s’installe au cœur du système salazariste : “À partir de 1933/1934, on voit se densifier, se codifier et se rigidifier un certain nombre d'instances qui sont là pour véhiculer et incarner une administration de la peur. Faire en sorte que les Portugais, quand bien même voudraient-ils s'opposer, ne le puissent pas. C'est un système très normé, très organisé, mais qui est singulier au sens où il n'y a pas, comme chez son voisin espagnol, une guerre civile, des meurtres de masse, etc. C'est une administration de la peur au quotidien, très organisée, avec une police politique tout à fait redoutable et un système répressif avec des camps d'internement, avec des prisons, avec l'arbitraire qui prévaut et qui fait que s'opposer est extrêmement difficile et dangereux pour ceux qui s'y risquent”.

C’est aussi un moment d’intenses négociations, de compromis, pour favoriser l’émergence d’un sauveur qui saura sortir le pays de l’ornière.

Parfois il s’impose naturellement, dans d’autres cas, le chemin vers pouvoir est beaucoup plus tortueux et ceux qui y qui accèdent ne sont pas ceux à qui on aurait pu penser en premier lieu…

L’historienne Amélie Nuq, raconte comment Franco lors de son ascension au pouvoir “avait pour volonté, d'asseoir un pouvoir fort et un pouvoir qu'il ne voulait pas partager”. En effet ajoute-t-elle : “Il avait deux buts, domestiquer les autres généraux et s'imposer comme le dictateur unique”.

Un documentaire de Kristel Le Pollotec, réalisé par François Teste.

Avec :

• Joelle Dalegre, maîtresse de conférences HDR à l’Inalco, spécialiste de la Grèce
• Costa-Gavras , réalisateur
• Christina Koulouri, rectrice de l’université Panteion à Athènes
• Yves Leonard, historien spécialiste du Portugal
• Amelie Nuq, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, spécialiste de l’Espagne
• Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d’Histoire contemporaine, spécialiste du fascisme italien
• Didier Musiedlak, historien spécialiste du fascisme italien
• Laokrattia Lakka, témoins, vivants à Athènes
• Yannis Mavroeidakos, fondateur de la libraire grecque Desmos à Paris

Merci à Angelique Kourounis et Fabien Perrier