Syracuse

“Foucault avait le look d’un professeur allemand, un manteau anthracite à col de velours noir, un chapeau sur sa prochaine calvitie, et cette mèche qu’il entortillait sur son crâne.” Mais si Daniel Defert ne devait garder qu’un seul souvenir de feu son compagnon, ce serait sa qualité relationnelle : “Il laissait toujours la plus totale liberté à tout le monde”.

En se remémorant leur vie commune, les anecdotes ne manquent pas, notamment sur le côté hautement inhabituel de couples homosexuels s’affichant publiquement. “La vie en couple était à la fois discrète, et pas facile à affronter dans la quotidienneté”, raconte-t-il.

Le "cancer gay"

Au cœur de leur relation se nichaient aussi leurs engagements communs. Comme celui du Groupe d’information sur les prisons (GIP), lancé en 1971. Pour se renseigner sur les conditions de vie des prisonniers, l’approche était la suivante : “Une approche clandestine : faire entrer des questionnaires pour les faire remplir par des détenus, explique Daniel Defert. Il fallait créer des complicités avec des personnels de prison… Les familles n’avaient pas le droit de parler de la prison lors des parloirs”.

Au début des années 80, Michel Foucault tombe malade, s'amaigrit graduellement. Et l’idée qu’il pourrait avoir le sida va et vient dans leurs esprits. “Je ne sais pas quand on commence à entendre parler du sida par nos amis américains […], qu’on appelle à un moment un “cancer gay”... En France on en parle très peu.” Puis ça le frappe : sans solution médicale, “je sens le désarroi de la médecine”. Jusqu’à sa mort en décembre 1983. “Les médecins lui ont aménagé un maximum de sérénité, pour finir son travail.”

Générique

Par Virginie Bloch-Lainé. Réalisation : Laetitia Coia. Prise de son : Yves le Hors.