Syracuse

Alors qu’une grande partie des juifs d’Europe a déjà été décimée à l’hiver 43, les nazis se servent de leurs défaites militaires pour accroître encore leur propagande antisémite et leur politique d’extermination. Tal Bruttmann, historien, spécialiste de la Shoah, rappelle que, “la solution finale n'est que la finalisation de politiques meurtrières qui ont commencé avant. Ainsi, 100 000 juifs sont morts en Pologne dans le ghetto de Varsovie, entre fin 40 et l'été 1942. Autrement dit, la solution finale, le terme nazi, c'est l'assassinat systématique et la Shoah qui désigne l'événement, c'est la destruction des Juifs telle qu'elle se déroule à partir de 1939-1940 et celle-ci est déjà très largement entamée. En réalité, on estime qu'il y a déjà 1 million de morts avant même le déclenchement de la solution finale” .

Le sort des Juifs diffère selon les territoires où ils se trouvent : en Europe de l’Ouest, en Allemagne, en Autriche, dans les ghettos de l’Est ou au cœur des Balkans, mais l’on retrouve partout la violence, les persécutions, les humiliations et la peur permanente de la mort.

Pour la première fois, en janvier 43, à Varsovie, des habitants du ghetto prennent les armes contre les nazis, comme nous le raconte Audrey Kichelewski : “L'Organisation juive de combat est constituée le 28 juillet. Des armes sont achetées aux Polonais, de l'autre côté du mur, des caches sont constituées, on construit déjà les bunkers pour pouvoir cacher les armes, se cacher également et faire face. Parce qu'on sait, on se doute qu'il y aura d'autres rafles et il s'agit de s'organiser. Et en effet, début janvier, la Résistance sait et s'attend à des nouvelles rafles. Et c'est au moment où les Allemands vont rentrer dans le ghetto, donc le 18 janvier, pour opérer ces rafles, qu'il y aura une résistance. Il y aura beaucoup de pertes, mais les Allemands ont reculé, ce qui est un signe très fort. Et cette information va vraiment circuler dans toute la Pologne”.

Un documentaire de Kristel Le Pollotec et Thomas Dutter.

Avec :

Tal Bruttmann, historien, spécialiste de la Shoah

Andre Löw, historienne et directrice adjointe du centre d’études sur l’holocauste à l’institut d’Histoire contemporaine de Munich

Caroline Mezger, Institut d’Histoire Contemporaine de Munich

Audrey Kichelewski, maitresse de conférences en histoire contemporaine

Merci à Andrea Brill de la Weisse-Rose Stiftung à Munich et à Simone Paulmichl de l'institut d'histoire contemporaine à Munich.

Comédien•nes :

Je veux témoigner jusqu’au bout – Victor Klemperer : Rainer Sievert

Journal de Joseph Goebbels : Samuel Glaumé

Prendre le bon dieu de vitesse- Hannah Krall et Marek Edelman : Marc Lamigeon

Entre les murs du ghetto de Wilno – Yitskhok Rudashevski : Pierre-Benoist Varoclier

Anne Steffens prête sa voix aux traductions des historien(nes)s allemand(e)s.

Liens :

• La « solution finale » sur le site de l’Encyclopédie multimédia de la Shoah.
• Treblinka 1942-1943, lieu paradigmatique de la « solution finale » de la question juive : thèse de Michèle Hausser-Gans, université de Strasbourg, 2016.
• Le ghetto de Varsovie (1940-1943) sur le site Enseigner l’histoire de la Shoah.
• Georges Wellers : Le soulèvement du ghetto de Varsovie, in Le Monde Juif, vol. 49, n°1, 1968.
• Jerzy Kochanowski : Les visages de l’occupation nazie en Pologne, 1939-1945 : les expériences des Polonais. Le destin de la population juive, in Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 261, n°1, 2016.