Syracuse

Pour les Palestiniens c’est la « Loi de l’absent » comme la définissait le poète écrivain Mahmoud Darwish. On est là, mais on est absent. Lois après lois relatives à la propriété, à la présence sur le territoire, fouilles archéologiques après fouilles archéologiques, Israël bouleverse non seulement la géographie palestinienne mais également toute leur version de l'histoire.

Si en 1948, Israël était devenu une terre sans peuple pour un peuple sans terre, un nouveau récit en recouvrait un autre, celui d’une terre avec un peuple pour un peuple sans terre. Une réalité de plus en plus prégnante puisque pour les Palestiniens, la terre se réduit comme une peau de chagrin. C’est pourquoi Majdi Malki, professeur de sociologie, souligne : “La géographie pour les Palestiniens, c'est quelque chose de très important, surtout pour les nouvelles générations qui ne la connaissent pas. Il faut parler avec les jeunes pour les aider à maintenir une mémoire”.

Les habitants de nombreux villages et bourgades palestiniennes en font aujourd’hui les frais comme le célèbre village de Silwan en contrebas de l’esplanade des mosquées à Jérusalem, dans lequel les 60 000 Palestiniens qui y résident tentent de résister à l’afflux des colons qui l’appellent désormais "la cité de David".

Hani Hamra Hani, jeune artiste palestinien témoigne : "Nous nous trouvons dans une position de survie plutôt que de résistance ou de reconquête. C'est une position d'adaptation, on ne sait pas très bien ce qui nous attend, ni quel sort nous est réservé, nous sommes dans le vide. On ne met donc pas trop d'espoir dans des choses qui n'existent pas, on essaie de faire avec ce qu'on a, on apprend le détachement, et on baisse un peu le niveau de nos ambitions.”

Quant à la jeune journaliste, Hanin Batlawi, elle explique : “Si jamais je me marie, je ne veux pas avoir d'enfant, car ce serait injuste de les obliger à vivre dans cette ville où ils n'auraient pas la possibilité de vivre leur enfance convenablement. Que feraient-ils ici ?”

Ainsi, peu à peu, les Palestiniens deviennent les soutiers d’un pays qui ne veut plus les voir. Qui construit les colonies ? Qui ramasse les ordures ? Et c’est à coup de dizaines, voire de centaines de millions de dollars qu’on tente de les déloger. En vain.

Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Somany Na.

Avec :

• Houda Faridh Immam, médecin à Jérusalem

• Hatem Totah, notre chauffeur

• Nazmir Jurbe, professeur d’histoire à l’université de Bir Zeit spécialisé en archéologie

• Père Humbert, archéologue

• Maral Quttieneh, notre fixeuse en Cisjordanie

• Amir Hashka, 28 ans, Palestinien d’Israël, philosophe, spécialiste de littérature anglaise et désormais vigneron

• Majdi Malki, professeur de sociologie à l’université de Bir Zeit et chercheur à l’Institut des études palestiniennes à Ramallah

• Hanin Batlawi, jeune journaliste de Ramallah

• Hani Hamra Hani, jeune artiste palestinien

• Adnan Husseini, membre de l’exécutif de l’OLP, l’organisation de libération de la Palestine, en charge des affaires de Jérusalem

L'Institut du monde arabe est partenaire de LSD dans le cadre de son évènement " Ce que la Palestine apporte au monde ", jusqu'en novembre 2023.